La silhouette, du physionotrace à Kara Walker
La légende raconte que la fille du célèbre potier Dibutade, traça le contour de l’ombre du visage de son amant projetée sur le mur à la veille de son départ.. Dibutade, en aurait tiré un relief en appliquant de l’argile sur le dessin ( mythes sur la naissance du dessin et de la sculpture)
Le portrait en silhouette ou ombromanie devient à la mode sous le règne de Louis XV.L’étymologie du mot silhouette vient de Etienne de Silhouette (1709-1767), ministre éphémère des finances. On avance plusieurs hypothèses sur les raisons de l’utilisation de son nom pour désigner le papier découpé : une plaisanterie concernant sa politique très économe, la brièveté de son mandat ou une éventuelle passion pour la découpe de papier découpé..
Les techniques de la silhouette sont variées allant d’une pratique intuitive ( découpe à vue) jusqu’au report de l’ombre portée sur un verre dépoli.Assez vite les silhouettistes auront recours à des procédés mécaniques permettant entre autre la réduction du profil à une taille équivalente au portrait miniature..( Physionotrace inventé par Gilles Louis Chrétien,1745 -1811, avec utilisation du pantographe)..
Techniques utilisées: papier teint découpé, gravure,silhouette encrée, noir de fumée et bière, supports : papier, verre, plâtre..
Les causes du succès de la silhouette ,au XVIII siècle, sont le caractère bon marché très apprécié par les classes moyennes, la rapidité d’exécution , la mode de la physiognomie ( psychologie par les traits du visage) dont Lavater en est le promoteur et le retour à la ligne néoclassique ( avec la référence à Dibutade).
Deux silhouettistes les plus célèbres : Isabella Beetham ( 1753-1825) et Augustin Edouard ( 1789-1861)
Plus que la camera obscura, c’est la silhouette par sa dimension socioculturelle qui annonce la photographie.
Référence : Silhouettes par Emma Rutherford
KARA WALKER
Kara Walker est une artiste plasticienne afro-américaine dont la production tourne autour d'une relecture politique critique et personnelle de l'esclavage noir aux Etats Unis ..
"Quand il ne s’agit pas d’aquarelles, de films à partir de découpages animés, ou du détournement d’archives historiques, les panoramas de silhouettes empruntés à la tradition européenne prennent les couleurs et les contours au piège d’aplats monochromes, et par la même occasion les vocabulaires partisans dans leurs propres filets .."( Caroline Bousbib/evene.fr)