Sebastian STOSKOPFF, 1597-1657, (Nature morte)
(Voir aussi la définition de la Nature Morte dans catégorie "lexique,..)
Au 17°, la nature morte est à la mode connaissant un vif succès et l’Académie ne mésestime le genre car il est fréquent que l’on offre , avec son assentiment, une nature morte à une personnalité .A noter un esprit très corporatiste chez les peintres ,et en particulier à Paris, obligeant les artistes étrangers à vivre en indépendant ou sous mécénat comme pour Stoskopff .
Chez cet artiste ,une des particularités de son travail est d’avoir introduit des gravures contemporaines dans ses Natures mortes aux livres . Ambiguïté du propos : vanité du livre (du savoir) ou le livre comme remède à la vanité? Si le thème du livre remonte à l’antiquité,le livre est , à l’époque, le représentant du monde,d’après Saint Augustin. Or la citation d’oeuvres contemporaines ,Callot et Rembrandt*, dépasse largement le principe du motif dans le motif (tableau dans le tableau) . Il y a, chez Stoskopff, une signification symbolique plus profonde , et la gravure actualise et singularise le tableau . La gravure est aussi une technique de reproduction ,appréciée aussi par l’artiste .On ajoutera aussi que les livres permettent un travail de composition qui confine presque à la géométrisation de l’espace ,à une simplication des masses .
Le chromatisme est réduit chez cet artiste et recherches sur les transparences .
Rénovation d’une thématique comme la “Grande Vanité” (1641) qui est construite sur un double mouvement : structuration par étagements de plans, jeux de lignes ,..Le quatrain écrit sur le tablotin noir propose une lecture explicite de l’oeuvre et la juxtaposition des objets relève des procédés de rhétorique de l’époque que l’on retrouve dans la poésie allemande .
Lumière et couleur
Un souci très naturalistre l’oriente vers le trompe l’oeil .La lumière , au lieu de découper les contours ,les accentue et modèle les formes . Ce traitement pictural confére à l’oeuvre son caractère illusionniste .Il combine dans la même oeuvre une diversité d’approches ,association d’aplats à des empatements,etc .Une couleur vive se réduisant à quelques touches accentue la composition . La lumière est indissociable de la couleur avec ses variétés de nuances en modulant la matière ( = rendu des livres), soit elle se pose directement sur les objets accentuant formes et volumes,les points jaunes ou blancs soulignent les écailles des poissons. C’est un jeu constant entre une précision de la représentation : la réalité et leur immatérialité . Le verre : rapport entre l’objet et le fond , objet ou forme paradoxale ,le contour est souvent estompé ,la forme n’a alors d’autre réalité tangible qu’un simple trait sur un fond sombre .
Le verre occupe la moitié de sa production .Il faut dire que le verre transparent existe depuis peu . Le verre brisé et le fragment préparent la voie du motif de la temporalité .
Le coquillage correspond à la mode des curiosités , de la fascination devant l’ingéniosité de la création divine mais il pose le problème aussi de la composition , d’une construction géométrique opposée à la rectangularité du livre .Spirale ,ellipse rendent insolite le contenu du tableau .
* nature morte à la chandelle ( avec gravure de Callot,”le paysan avec sa pelle”,1625)
nature morte aux livres et gravure de Rembrandt 1635